La Terre tourne au Panthéon
Visite guidée
1h30
25 participants
Lorsqu’en 1790 se pose la question de déplacer le tombeau de Voltaire puis d’inhumer Mirabeau, l’église Ste-Geneviève fait rapidement consensus : commencée sous Louis XV, elle n’a jamais été consacrée. Transformée, décorée, elle accueille dans sa crypte les Grands Hommes, parmi lesquels quelques femmes…
Grâce à ses dimensions, elle fut également un lieu d’expérimentation pour les scientifiques du Second Empire…
La basilique Sainte-Geneviève
Durant tout le XIXe siècle, pour quiconque se rend à Paris, la silhouette du Panthéon est la première que l’on aperçoit en approchant de la capitale. Au sommet de la Montagne Sainte Geneviève, au coeur du Quartier Latin, des écoles et des universités, le Panthéon domine tout Paris.
C’est en effet sur cette montagne, emplacement de l’ancien forum romain, que Clovis fonde en 507 une basilique destinée à abriter sa sépulture et celle de son épouse. L’accès depuis l’île de la Cité en est facile grâce à la présence de l’ancien Cardo Maximus, devenu rue St Jacques, et principal axe nord-sud de la capitale depuis l’occupation romaine.
La pieuse Geneviève, dont le nom signifie « fille du Ciel » y est également inhumée (juste avant ou juste après, selon les sources…) Un honneur qu’elle doit à sa force de caractère et à son courage, lorsqu’elle convainc, en 451, les habitants (surtout les habitantes) de Paris de ne pas abandonner leur cité aux Huns. Leurs prières ont-elles été entendues ? Attila épargne Paris, et sainte Geneviève est, depuis, la sainte patronne de Paris.
En 1744, au cours de la guerre de Succession d’Autriche, Louis XV tombe gravement malade à Metz. Le roi fait alors le vœu, s’il survit, d’ériger une église dédiée à sainte Geneviève. Rétabli et de retour à Paris, il charge son directeur général des bâtiments, le marquis de Marigny, d’édifier une l’église en lieu et place de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, alors en ruine.
Classique ou gothique ? Un gâteau de Savoie !
Le chantier de Sainte-Geneviève illustre l’ambitieuse politique des arts et d’embellissement des villes que mène Louis XV, dont le prestige est affaibli par le traité d’Aix-la-Chapelle (guère favorable à la France) et alors que le pays est agité par les querelles entre Jésuites et Jansénistes.
Au sein de la cour, une autre querelle agite les architectes, et c’est grâce au Marquis de Marigny, l’intrigant frère de la Marquise de Pompadour, que l’architecte royal est écarté au profit de Germain Soufflot. Ce dernier y pose les bases d’un nouveau vocabulaire architectural. Issue du gothique, non pas dans ses formes mais dans ses procédés de constructions, l’église Sainte-Geneviève renoue avec la rationalisation de l’art antique pour dégager des lignes élégantes susceptibles d’évoquer le recueillement. Ce style néoclassique n’était pas vraiment du goût de Victor Hugo, qui lui préférait le gothique, et aurait dit du Panthéon qu’il était « le plus beau gâteau de Savoie qu’on ait jamais fait en pierre » ! Ses funérailles, en 1885, transforment néanmoins de manière définitive l’église en temple laïc où reposent avec lui 74 hommes et bientôt 6 femmes…
Pour la petite histoire….
En janvier 1851, Léon Foucault met au point dans sa cave l’expérience scientifique qui démontre la rotation de la Terre, sans le recours aux étoiles mais grâce à un simple pendule. Dès le mois de février, il reproduit l’expérience devant témoins à l’Observatoire de Paris : les scientifiques accourent après avoir reçu l’intrigant carton d’invitation « à venir voir tourner la Terre » !
Le 31 mars 1851, grâce au soutien et au goût des sciences du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, l’expérience se tient sous la coupole du Panthéon, et ce jusqu’au coup d’Etat de décembre. Rendue au culte, l’expérience scientifique est déplacée avant d’être réinstallée de nouveau en 1902. Depuis 1995, le pendule de 1851 est rétabli sous la coupole du Panthéon, où vous pouvez toujours venir « voir tourner la Terre »
Visites très intéressantes, toujours très renseignées par une professionnelle très disponible, conviviale. Toujours un plaisir de vous suivre, Marjorie.
Crédits photos : Les Bonnes Visites, Gaimard et Saurenlaursen sur Pixabay
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