Musée Jean-Jacques Henner
Visite guidée
1h30
2 personnes
Au cœur « du plus artistique des quartiers d’artistes », le musée récemment restauré est consacré à la carrière de Jean-Jacques Henner, peintre qui était considéré comme l’un des plus importants de son temps ! Grâce aux nombreuses œuvres provenant de son atelier, et dans un cadre miraculeusement préservé, rare témoignage accessible au public de l’architecture privée de la Troisième République, le musée permet de comprendre comment travaillait un peintre « officiel » à l’époque de l’Impressionnisme.
Un atelier d’artiste au cœur de la plaine Monceau
A partir des années 1870, le quartier de la Plaine Monceau voit fleurir le long des axes tracés précédemment par le préfet Haussmann hôtels particuliers et maisons d’artistes. Loin de l’encombrement et de la promiscuité du centre de Paris, les architectes rivalisent de créativité pour plaire aux riches industriels, banquiers, comédiens et artistes les plus en vue qui s’installent aux alentours du Parc Monceau. Le long du nouveau boulevard Malesherbes, ou de l’avenue de Villers, sur le chemin de Boulogne, de son pèlerinage, son bois et son hippodrome, ce nouveau quartier devient le centre névralgique de la vie mondaine. Plusieurs fois par semaine, peintres et écrivains se retrouvent dans les salons à la mode où se mêlent aristocratie, bourgeoisie et personnalités politiques. Dîners et bals complètent ce calendrier mondain chargé, qui ne serait pas complet sans un alibi artistique et culturel… Tout ce beau monde se donne donc rendez-vous chaque vendredi dans les ateliers des artistes à la mode.
De même que le nombre de voitures stationnées devant l’atelier chaque vendredi, l’architecture et l’aménagement de ce dernier témoignent du succès du peintre. Le musée Henner, réinstallé dans l’hôtel de son contemporain Guillaume Dubufe surprend par l’éclectisme de son décor, le jardin d’hiver, la chambre orientale ornée de moucharabieh.
Henner l’incontournable tombé dans l’oubli
Dans ce cadre extraordinaire, les collections du musée retracent l’itinéraire d’un artiste qui, au début du XXe siècle, était considéré comme l’un des plus importants de son temps. Né dans le sud de l’Alsace en 1829, il vient étudier la peinture à Paris à 17 ans grâce à une bourse du département du Haut-Rhin. Après deux échecs, il remporte le prestigieux Prix de Rome en 1858 et part donc parfaire sa formation dans la Ville Eternelle. Lors de l’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand en 1871, il choisit la nationalité française mais conserve des liens forts avec sa région d’origine où il revient chaque année. Il connaît rapidement le succès, cumulant commandes de portraits et achats par l’Etat ; il expose pendant quarante ans ses œuvres au Salon où il reçoit de nombreuses médailles. Académicien, Grand officier de la Légion d’Honneur, son parcours est aussi brillant qu’il est oublié aujourd’hui !
Les œuvres présentées au musée permettent de redécouvrir cet artiste si méconnu, ses portraits d’une beauté saisissante, son amour pour l’Alsace et les femmes (au point de leur ouvrir avec Carolus-Duran « l’atelier des Dames », un atelier de peinture réservé aux femmes artistes alors refusées à l’Ecole des Beaux-Arts). Dessins, esquisses (sur des supports parfois aussi surprenants qu’un couvercle de boîte de cigares) côtoient les toiles achevées pour nous montrer l’envers du décor et le travail de ce peintre injustement oublié.
Pour la petite histoire….
Parmi les œuvres emblématiques du musée Jean-Jacques Henner figure L’Alsace – Elle attend peinte en 1871. Le tableau fut offert par sa commanditaire à Gambetta qui était alors l’un des plus farouches opposants à l’abandon de l’Alsace-Lorraine au nouvel Empire allemand suite à la défaite de 1870. D’après le critique Jules-Antoine Castagnary, Gambetta montrait le tableau à ses visiteurs en disant « c’est ma fiancée ! ».
Crédits photos : (c) Hartl-Meyer
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