Egyptomania
Paris sur le NilConférence en visio ou en salle
De 1h à 1h30
Jusqu'à 100 participants
Bien avant la campagne d’Egypte du général Bonaparte, les Français appréciaient les motifs égyptiens, mais le XIXe siècle voit naître une véritable passion pour la civilisation égyptienne dans son ensemble.
Pour qui ouvre l’œil, pyramides, sphinx et obélisques surgissent au détour des rues et des places parisiennes. Laissez-vous transporter à Paris sur le Nil le temps d’une conférence.
La campagne du général Bonaparte, entré victorieusement au Caire en 1798 plonge Paris, dès le début du XIXe siècle, dans la folie de l’égyptomanie. Mais ce goût pour l’Egypte remonte bien avant cet épisode. Les Romains déjà colonisèrent les rives du Nil et contribuèrent à la diffusion des motifs égyptiens, comme des croyances, un peu partout en Europe. Plus tard, les Croisés ont certainement entretenu cette mode, qui fut encore embellie par la Renaissance, passablement teintée d’Italie.
Cette égyptomanie est présente à Paris à partir du XVIe siècle dans tous les domaines : l’architecture, la sculpture, les arts décoratifs ou la mode. Elle prend différentes formes selon les époques et le niveau de connaissances que l’on possède de cette civilisation ; tantôt éléments « néo-égyptiens » empruntés à l’art égyptien mais réinterprétés, tantôt éléments « néo-égyptisants » c’est-à-dire issus d’une nouvelle interprétation des premiers ! Copies serviles côtoient donc interprétations ou influences librement détournées par les artistes…
Parmi les figures égyptiennes fréquemment représentées à Paris, la déesse Isis tient une place de choix. Celle dont le culte fut célébré dans toute la Gaule n’eut probablement pas de sanctuaire à Paris mais on la trouve fort à propos à la fin du XVIIIe siècle quand on cherche à diminuer l’influence du christianisme au profit de nouvelles valeurs. C’est une image très favorable de l’Egypte, surtout d’une Isis idéalisée, qui est proposée aux Parisiens… au point d’en faire l’origine du mot « Paris » et de la faire apparaître sur le blason de la ville.
Les publications issues de la campagne d’Egypte de Bonaparte marquent un premier tournant dans la connaissance précise de ce pays, bientôt suivies par le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion. Le désastre militaire de la campagne est masqué par son succès scientifique et culturel, lequel rejaillit sur le futur empereur. Bonaparte emmène avec lui Gaspard Monge, géomètre et mathématicien qui fut l’un des premiers à être informé sous le sceau du secret, des préparatifs de l’expédition. Etant l’un des fondateurs de l’école polytechnique, Monge enrôle avec lui un grand nombre d’élèves qui vont se couvrir de gloire aux côtés des élèves de l’Ecole Normale, des Mines, des Ponts et Chaussées et du Museum d’Histoire Naturelle qui sont également sollicités.
Par la suite, chaque élément égyptien rappelle donc la grandeur de l’Empire et illumine d’une aura mystérieuse et puissante chaque dirigeant qui y fait allusion. Charles X et Louis-Philippe érigeant l’obélisque, Napoléon III transformant la fontaine du Châtelet ou construisant une nouvelle façade pour le palais de Justice de l’île de la Cité.
Plus récemment, le succès non démenti de l’exposition Toutankhamon est la preuve que cette passion pour l’Egypte est encore bien vivante en France.
Pour la petite histoire….
A l’occasion de l’ouverture du nouveau Théâtre italien du Caire, le vice-roi d’Egypte, Ismaël Pacha, a l’idée de célébrer l’inauguration récente du Canal de Suez le 17 novembre 1869. C’est le très convoité Giuseppe Verdi qui mettra en musique le scenario écrit par l’égyptologue français Auguste Mariette, lequel surveille également la création des costumes et des décors dans les ateliers de l’Opéra de Paris. Hélas ! Au grand désespoir de Verdi, qui enrage contre « ces maudits Goths », la première au Caire doit être reportée : Mariette, ses costumes et ses décors sont bloqués dans Paris assiégé par les Prussiens !
Marjorie est une excellente conférencière. Elle sait s’adapter à son public. Elle partage avec beaucoup d’humour, d’anecdotes et de naturel son immense savoir. Ses Visio-conférences pendant le confinement sont passionnantes : on l’écouterait pendant des heures!
En cette période difficile, les conférences des Bonnes Visites (sur Zoom) apportent un dépaysement extraordinaire dans le monde de la culture. J’en ai suivi beaucoup et continuerai de le faire!
Crédits photos : François Dubois, ‘Erection de l’obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1835′, Musée Carnavalet, Site Paris Musées
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